Questions :
1. Les différents usages du terme "vérité" ont en commun, lorsque la vérité est convoquée au singulier, de requérir une forme d'objectivité.
- Définissez ce terme.
- Reprenez l'exercice précédent, en analysant où se situe l'objectivité.
- Toujours à partir de ces exemples, identifiez ce qui fonderait alors l'objectivité : se trouve-t-elle dans une propriété de l'objet ? Se trouve-t-elle dans une certaine disposition de celui qui émet un jugement sur l'objet ? Est-elle la résultante d'un accord unanime ?
2. Pour autant, lorsque nous observons tous une même scène, décrivons-nous la même chose ? Ces discours différents sont-ils nécessairement un signe que l'on a affaire à une erreur, ou à un mensonge ? Pour répondre, imaginez la scène suivante : quelqu'un est face à vous et tient une feuille dans ses mains, qu'il tend devant lui et dont vous voyez qu'elle est blanche.
- Il vous demande de dire ce qu'il a entre les mains. Que répondez-vous ? Si vous êtes plusieurs, donnez-vous tous la même réponse ? Vous est-il difficile de répondre à cette question ?
- Que penseriez-vous de celui qui répondrait : "je ne sais pas" ? de celui qui répondrait : "chacun son point de vue" ?
- La personne qui tient la feuille, sans la bouger, vous rétorque alors : "c'est faux, ce n'est pas une feuille blanche que je tiens dans mes mains". Pourquoi êtes-vous en mesure de lui répondre qu'il se trompe ? En vertu de quoi êtes-vous certain d'avoir raison ?
- Imaginez maintenant qu'elle retourne la feuille : vous vous rendez alors compte que sur son autre face, la feuille n'est pas blanche, mais imprimée. Qu'en conclure ?
- Allons un peu plus loin : et si, sur la face qui vous a paru blanche, un texte était en réalité inscrit à l'encre sympathique, qui n'apparaît que lorsque la feuille est chauffée, la conclusion précédente est-elle encore valable ? Est-elle suffisante ?
3. Si faire littéralement le tour de la feuille peut aider à tenir un discours vrai sur ce qu'est la feuille, envisageons-nous toujours tout selon tous les points de vue possibles, avant de nous faire un jugement ?
4. Examen de réponses alternatives :
- Celui qui, à la question posée, aurait répondu "un allume-feu", dit-il quelque chose de faux ? En vertu de quoi sa réponse pourrait-elle être considérée comme vraie ?
- Celui qui, à la question posée, aurait répondu "de la cellulose", dit-il quelque chose de faux ? En vertu de quoi sa réponse pourrait-elle être considérée comme vraie ?
- Celui qui, à la question posée, aurait répondu "un objet", dit-il quelque chose de faux ? En vertu de quoi sa réponse peut-elle être considérée comme vraie ?
5. À partir de cet exemple, répondez aux questions suivantes :
- Puis-je me tromper tout en étant certain d'avoir raison ?
- Partager le même point du vue que la majorité est-il une garantie de détenir la vérité ?
- Mes sensations sont-elles fiables pour déterminer la vérité ?
- Plusieurs personnes peuvent-elles dire des choses opposées tout en disant la vérité quant à un même objet ?
- Plusieurs énoncés différents jugeant de ce qu'est un objet peuvent-ils constituer un énoncé vrai ? Certains seront-ils "plus vrais" que d'autres ?
Conclusion :
À partir de cette première approche, rédigez un paragraphe faisant apparaître :
- L'évidence première et spontanée quant à ce qui fonderait un jugement vrai.
- Les raisons de se méfier de cette évidence.
- Les enjeux qu'il y a à rechercher la vérité.